Critiques du projet

Un projet engagé avec légèreté

Sur la seule base d’un rapport d’étudiants, en l’absence de toute étude sérieuse et approfondie et de toute réflexion critique :

1. Il y a dans ce projet fusion, pour ne pas dire confusion entre 2 problématiques différentes : desserte périurbaine et desserte d’une station de ski.

2. Toute action – notamment publique – ne peut se concevoir et être crédible que si elle débute par une étude des besoins, par un état des lieux objectif et documenté de la situation, par l’étude de toutes les solutions alternatives répondant aux objectifs recherchés : amélioration de la desserte actuelle, bus express, voie réservée aux bus, taxis collectifs, co-voiturage, funiculaire, tram…
Le tout doit en outre être posé en regard des besoins de l’ensemble du bassin grenoblois. Pour mémoire, le nombre total d’habitants résidant dans les communes concernées par l’actuel projet de téléphérique est inférieur à 10000 personnes.


Un projet démesuré et inadapté

Démesuré
Un débit de 4.800 personnes à l’heure de 7 h à 9 h et de 16 h à 19 h 30, c’est près de 25 000 personnes transportées sur ces seules tranches horaires ! Or le flux moyen annuel de véhicules n’est que de 15000 véhicules par jour (aller-retour) et dans ce nombre de véhicules, beaucoup viennent de Vizille et de l’Oisans. Par ailleurs, les études montrent que le report des voitures sur un mode de transport en commun atteint dans le meilleur des cas 10 %. Le report optimal sur le téléphérique atteindrait donc au mieux 1500 véhicules/ jour en moyenne annuelle… Il en resterait 13500 sur la route !

Le nombre de véhicules en moins sur la route serait donc peu significatif quant à une éventuelle baisse de la polution du bassin grenoblois.
En outre, les 4800 personnes transportées par heure sont à mettre en rapport avec la population totale des communes desservies qui compte 8400 habitants : 4794 à St-Martin d’Uriage, 3096 à Vaulnaveys le Haut et 518 à Chamrousse….
Ce faible allégement du trafic ne serait d’ailleurs que très temporaire car il générerait rapidement un nouvel afflux routier de véhicules délaissant l’axe routier d’Eybens lui-aussi surchargé. Le problème demeurerait, mais avec un équipement lourd à vie.

Inadapté
Il ne répond pas aux besoins de transport en commun de tous les habitants des communes survolées par le téléphérique :

Une grande partie des habitants concernés ne peut pas être desservie de cette façon : la Combe de Gières, le Sonnant d’Uriage et Venon.

La multiplicité des modes de transport rendra l’utilisation de ce mode de transport trop complexe : il est reconnu qu’au delà de 2 modes de transport, les personnes continuent à utiliser leur voiture. Comment imaginer que les personnes venant de Vizille, de Vaulnaveys ou de St Martin d’Uriage vont prendre leur voiture depuis leur domicile pour aller se garer sur le parking du téléphérique, prendre le téléphérique, puis le tram à Gières, puis finir en bus ou à pied pour se rendre à leur travail ? Et que dire de toutes les personnes qui travaillent dans la vallée du Grésivaudan ou du côté d’Eybens ?


Une écologie de façade

Un projet présenté comme écologique alors que sa réalisation améliorera bien faiblement la pollution atmosphérique du bassin grenoblois à cause du faible report des automobilistes vers le téléphérique. De surcroît, l’utilisation du téléphérique entraînera un transfert des nuisances de la Combe d’Uriage vers le centre de Gières et d’Uriage, lieux de départ du téléphérique.

Par contre une pollution paysagère et environnementale irréversible: dégradation des collines du Balcon de Belledonne, patrimoine paysager de l’agglomération grenobloise et atteinte aux milieux naturels de Belledonne : à terme c’est de l’extension de la station de ski de Chamrousse dont il est question : augmentation du nombres de lits de touristes, augmentation de la population fixe, augmentation de la pollution dûe au chauffage des habitations, augmentation de la production de neige artificielle, augmentation du domaine skiable au dépens des domaines encore sauvages…

Une nouvelle perspective
A deux pas de Grenoble, la campagne...
A tous les échelons de la France, au niveau des départements, des régions,
on affirme la volonté de préserver des zones vertes vierges
pour laisser «respirer» les villes…


Des problèmes majeurs de sécurité

Sensibilité au vent et aux orages (l’utilisation des téléportés est limitée réglementairement). Les orages peuvent causer des dégâts rédhibitoires aux câbles et les vents provoquer des déraillements. (accident de Tignes - novembre/04)

Il ne faut pas oublier que la majeure partie du trajet se déroule en site boisé. Dans ce cas, il faut savoir qu’en cas d’incendie de forêt, la tenue au feu d’une structure métallique est fortement réduite. En effet les membrures (barres de plus faibles section) qui contreventent les éléments principaux sont les plus vulnérables au feu et conduisent très vite à la ruine de la structure par flambement (rien à voir là avec l’incendie, mais il s’agit d’un mode de rupture soudain et de grande ampleur qui affecte pour ce type de structure dite hautement hyperstatique l’ensemble de l’ouvrage). La présence d’un layon ne suffirait pas à prémunir ce type d’installation des risques d’un incendie.
Il est évident que ce type de problème se pose moins fréquemment en période hivernale sur les remontées mécaniques...

Evacuation périlleuse de cabines multiples et de ligne haute avec des survols jusqu’à 100 mètres de hauteur. Comment accéder aux cabines avec en moyenne un pylône tous les Km ? Comment “ parachuter ” les passagers, enfants, personnes âgées, passagers en tenue de ville ? Comment les récupérer au sol sans avoir une route d’accès sous la totalité de la ligne ? Qui peut se porter à leur secours, combien de sauveteurs avec quels moyens en l’air et au sol ? Dans quels délais avec une ligne de 5100 m (Gières–Uriage ) avec une cabine de 30 passagers tous les 300 m soit jusqu’à 1140 personnes à secourir ?

L’embarquement est proposé à 0,50m/s soit près de 2 km/h.
Cette vitesse est importante pour respecter un certain débit mais elle ne répond pas à un besoin d’embarquement en sécurité : les personnes embarquées ne sont pas des skieurs équipés mais des enfants se rendant au collège, des femmes enceintes, des femmes avec bébé/poussettes, des personnes âgées…
Alors que déjà, dans les stations de ski, la norme est de 0.15m/s, en transport périurbain, la montée-descente doit se faire impérativement à l’arrêt !


Un gouffre financier pour le contribuable

Une sous-estimation évidente du coût réel du projet comme des coûts de fonctionnement. Au regard du nombre d’usagers potentiels, c’est la perspective d’un véritable gouffre financier qui s’annonce…

La nécessité de créer de nouveaux véhicules de “télétransport urbain” (qui n’existent pas actuellement en Europe) entraîne la création de tout un nouveau système : cabines plus vastes et plus lourdes, câbles plus gros, pylônes, mécanismes des gares et gares dimensionnés en conséquence, etc. Chiffrer un projet de transport urbain “ téléporté ” sur les normes d’une “ remontée mécanique ” conduit à sous-estimer lourdement l’investissement nécessaire.En outre, la nécessité réglementaire d’assurer dans toute condition d’exploitation (nuit hivernale par exemple) l’évacuation de centaines de passagers en toute sécurité impose de créer une route de montagne entretenue, tout au long de la ligne : route dont le coût – très important – doit être intégré dans le coût global du projet.

L’exploitation de l'ensemble du dispositif de transport, 20 heures par jour sur 3 voire 4 tronçons comme il est présenté nécessiterait la disposition permanente d’une équipe de conduite et d’encadrement de l’ordre de 15 personnes au moins, plus une équipe permanente d’entretien et de maintenance et de sécurité. Tous des techniciens confirmés. A raison de 7200 heures annuelles (20 h / jour) d’exploitation et de 1500 heures annuelles de travail en moyenne, il serait nécessaire d’employer 5 équipes à l’année. Il faudrait de 80 à 100 personnes pour gérer un tel appareil…

Contrairement aux autres systèmes de transport dont la fréquence est modulable, l’ouverture au public oblige le téléporté à tourner à vide comme à plein. A raison de 7200 heures/an l’appareil travaillerait chaque année l’équivalent de 5 années d’exploitation d’une remontée mécanique en station de sports d’hiver !
La maintenance annuelle réglementaire deviendrait aussi onéreuse que problématique.

En supposant que tous les problèmes trouvent solution, le coût présenté de 50 millions d’Euros pour une “remontée mécanique” n’est pas crédible et avoisinerait plutôt l’estimation (conservatrice) de 80 à 100 millions pour un système de “transport urbain” avec ses annexes : création de routes, de parkings, de réseaux d’électricité, d’eau, équipements sanitaires…
Il faut de plus rappeler que des difficultés majeures comme celles du franchissement de la ligne haute tension constituent un renchérissement supplémentaire du coût dans des proportions importantes.
Il faut enfin ajouter encore le coût d’expropriation ou d’indemnisation des nombreux riverains

Conclusion
Outre tous les problèmes écologiques et techniques, les investissement, les coûts de masse salariale, d’entretien et de maintenance des ouvrages divers, entraînent une inadéquation évidente, et rédhibitoire, entre le prix de revient et le prix du trajet possible.

Cet investissement financé par le contribuable isérois, ne serait-il pas plus utile pour d’autres infrastructures de transports à meilleure rentabilité sociale et d’une efficience écologique bien supérieure ?


Une prétendue rumeur...

D’aucuns voudraient faire passer Les pieds sur terre pour une association à «l’imagination enflammée» qui a créé «un phénomène médiatique sans grand lien avec le contenu du dossier» (J.P. Fritz / M. Baietto - Dauphiné Libéré du 02/01/2005).
D’autres essaient d’apaiser l’inquiétude légitime de leur population en titrant leur éditorial municipal : «Téléphérique : pour en finir avec la rumeur» (bulletin municipal de Gières n°280 de décembre 2004)…

Mais les faits sont là, indiscutables et officiels.
Nous pouvons citer entre autres :

— La lettre de Mr Baietto, vice-président du Conseil Général, proposant, à la mairie de Saint Martin d’Uriage «de délibérer sur le principe d’engager des études d’avant-projet qui auront pour objectif d’affiner les enjeux économiques, techniques, juridiques permettant ainsi aux élus de décider d’une manière plus précise de l’avenir d’un tel projet». La lettre précise par ailleurs qu’une collectivité concernée a déjà «constitué une réserve sur son Plan Local d’Urbanisme» (copie en annexe).
— La délibération du Conseil Municipal de Saint Martin d’Uriage du 19 mars 2004 qui souligne l’intérêt de tous les conseillers municipaux et décide de donner à l’unanimité un accord de principe pour la mise à l’étude de ce projet par le Conseil Général (copie en annexe).
— La délibération du Conseil municipal de Chamrousse du 6 mai 2004.
— La présentation aux conseillers municipaux de Venon le 15 avril 2004 du téléphérique par Mr Pierre Jaussaud, professeur à l’INPG et initiateur de ce projet.
— La première médiatisation du projet par Mr Pierre Jaussaud dans l’interview accordée au Dauphiné Libéré le 17 avril 2004 : «Un téléphérique Grenoble-Chamrousse à l’étude, les skieurs du dimanche en rêvaient…».
— Le refus du conseil municipal de Venon du 5 mai 2004 de l’accord de principe demandé par Mr Baietto.
— La réserve foncière de la municipalité de Chamrousse sur son Plan Local d’urbanisme pour une éventuelle gare d’arrivée…

Alors, idée en l’air, rumeur, phénomène médiatique sans contenu ?
Nous vous laissons juges.



Cliquer ici pour lire la lettre de Monsieur Baietto
ainsi que la délibération de St Martin d'Uriage









































Copie de la lettre de Mr Baietto à la mairie de SMU

Expéditeur :
Conseil Général
Marc Baietto,
Premier vice-président chargé de l’aménagement et de l’organisation des territoires, des transports et des déplacements

Destinataire :
Madame Jeannine Creissels, Maire de Saint Martin d’Uriage, 38410 Saint Martin d’Uriage

Grenoble, le 6 janvier 2004, tamponnée par la commune le 11 février 2004

Madame le Maire, chère collègue,

Vous avez été conviée à la présentation faite par des étudiants de l’INPG et de l’ESC du projet de téléphérique public qui permettrait de relier Chamrousse à Grenoble.
Au cours de ces présentations, tous les élus ont exprimé leur vif intérêt pour ce projet qui devrait apporter une réponse concrète et pertinente à la question de l’évolution des encombrements routiers sur ce sectezur géographique et au souci de rechercher des modes doux de déplacements. Cet intérêt s’est même manifesté immédiatement par l’initiative d’une collectivité, de constituer une réserve sur son plan local d’urbanisme. Par ailleurs, plusieurs d’entre vous ont aussi constaté le retard de la France dans ce domaine, puisque ce mode de déplacement est utilisé depuis longtemps en Allemagne et en Autriche.

Chaque collectivité ayant été destinataire d’un dossier de présentation, je souhaite, à ce stade du projet, vous proposer de délibérer sur le principe d’engager des études d’avant-projet qui auront pour objectifs d’affiner les enjeux économiques, techniques, juridiques permettant ainsi aux élus de décider d’une manière plus précise de l’avenir d’un tel projet.

S’agissant d’une liaison qui serait inscrite au plan transport du réseau Transisère, je propose dans un premier temps, que le Département prenne en charge l’étude en question. Un comité de pilotage associerait bien évidemment les colectivités concernées.

Je vous remercie de bien vouloir me donner votre avis et, si vous êtes d’accord, me transmettre une copie de votre délibération.

Je vous prie de croire, Madame le Maire, à l’assurance de mes sentiments dévoués.
Cordialement

Marc Baietto


Extrait du registre des délibérations du Conseil municipal de Saint Martin d’Uriage

L’an deux mil quatre le dix neuf mars,le Conseil municipal de la commune de Saint Martin d’Uriage, dûment convoqué, s’est réuni en session ordinaire, à la Mairie, sous la présidence de Madame Jeanine Creissels, Maire.
Date de convocation du Conseil Municipal : 12 mars 2004

Présents :
Mme Creissels, Mme Marty, Mrs Boussant-Morin, Giraud, Chassagne, Mme Chaléat, Mrs Murienne, Letoublon, Barillier, Mmes Mancret, Massuco, Robert, Blain, Brion, Aimé, Mr Froger, Mme Blanc-Murienne, Mrs Viossat, Bernigaud, Faure, Goulot, Augerot, Mme Gaspard
Absents excusés avec pouvoir :
Mr Pras donne procuration à Mme Chaléat
Mr Papin donne pouvoir à Mr Giraud
Absents excusés : Mr Valentin, Brendridi
Madame Valérie Blain a été élue secrétaire

OBJET : Projet de téléphérique public pour relier Chamrousse à Grenoble via Uriage : vote de principe de la mise à l’étude par le Conseil Général

Mdame le Maire indique qu’une présentation des étudiants de l’INPG et de l’ESC d’un projet de téléphérique public permettant de relier Chamrousse à Grenoble a été faite auprès des représentants de la collectivité.

Au cours de cette présentation, tous les élus ont exprimé leur vif intérêt pour ce projet qui devrait apporter une réponse concrète et pertinente à la question de l’évolution des encombrements routiers de ce secteur géographique et au souci de rechercher des modes doux pour les déplacements.

A ce stade du projet, le Conseil Général propose à la commune de prendre une délibération de principe permettant ainsi d’engager des études d’avant-projet qui auront pour objectif d’affiner les enjeux économiques, techniques, juridiques permettant ainsi aux élus de décider d’une manière plus précise de l’avenir d’un tel projet.

Madame le Maire sollicite un accord de principe pour lancer un avant-projet.

Après avoir délibéré, le Conseil Municipal, à l’unanimité, décide de donner un accord de principe pour la mise à l’étude de ce projet par le Conseil Général.

Ainsi fait et délibéré ce 19 mars 2004 et ont signé les membres présents.
Extrait certifié conforme au registre des délibérations.
Nombre de conseillers en exercice : 27
Présents : 23
Votants : 25
Certifié exécutoire en raison de sa transmission en Préfecture et de sa publication le 29 mars 2004
Le Maire

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